Oui je suis publicitaire. C'est incroyable comme cette affirmation est dure à assumer ces temps-ci.
Avez-vous remarqué comme les publicitaires sont responsables de tout. La sur-consommation et l'endettement des ménages, c'est la faute des publicitaires, la crise financière c'est la faute des publicitaires (ils ont imposé le consumérisme); le dérèglement climatique c'est la faute aux publicitaires (ils ont faut vendre des produits néfastes à l'environnement).
Jusque là je laissais passer dans une indifférence très guadeloupéo-sarkozienne (rapport à....bon, vous avez tous compris, pas la peine que j'insiste) toutes ces idées héritées de grands fantasmes autour de la pub (et puis comme de toutes façons on prend tous de la coke dès le petit dej comme tout le monde sait, on est insensible aux critiques....).
Mais là je viens de lire un article dans Marianne signée de Dominique Quessada qui, sous prétexte de parler d'une pub pour Seat avec Sébastien Chabal, livre un paphlet gratuit et surtout complètement con.
Ma réaction face au tsunami de bêtises concentré en quelques lignes a été immédiate et épidermique.
Dominique Quessada nous dit que la publicité est une menace avec un seul objectif : soumettre le consommateur, le violenter pour le forcer à nous obéir.
Hé ben dis donc, je ne savais pas que j'avais un tel pouvoir sur les gens.
Mais malheureusement, ce papier à charge est juste un énoOOOrme tissu d'imbécilité scar il y a 2 éléments qui sont oubliés :
- le décodage de la publicité tout d'abord. Il a été prouvé qu'à partir de 6 ans, un enfant sait faire la différence entre de l'information et de la publicité. Et, dès cet âge-là, il n'est pas dupe du tout du discours et comprend très bien qu'on veut lui vendre quelque chose.
- la liberté de penser : je sais que je vais aller à l'encontre d'une légende urbaine (mais vous vous en remettrez comme quand vous avez appris que faire suivre un e-mail "magique" ne vous apporterai finalement ni la chance ni la fortune) mais la publicité n'a jamais poussé des gens à consommer contre leur volonté. Si tel était le cas, vous verriez, après les écrans publicitaires, des cohortes de gens se lever de leur canapé et partir vers le supermarché le plus proche pour acheter toutes les choses dont on leur a bourré le cortex..... Ce n'est pas le cas ? Oh ? Comment c'est possible ? Peut-être que je fais mal mon taff ?? Ou alors, allez je vais oser une théorie un peu révolutionnaire : et si les gens arivaient à garder leur libre-arbitre ?
Attention, je ne dis pas que la pub n'a aucune influence. Elle en a. Ca a été prouvé à de multiples reprises. Mais elle n'est qu'un moteur de passage à l'acte ou un influenceur de choix.
Elle est le dernier maillon qui pousse un citoyen à se dire "bon allez je vais l'acheter cet écran plat depuis le temps que j'en ai envie" ou "je vais choisir cette marque plutôt qu'une marque de distributeur car elle me ressemble plus".
C'est tout. Mais c'est déjà beaucoup.
Après entendons-nous bien. Dans un monde où l'on serait revenu au troc et à la consommation uniquement utile et non à une consommation plaisir, oui la pub serait plus "accessoire". Mais on est dans un monde de consommation de masse. Des entreprises font appel à nous pour que l'on présente leurs produits de la meilleur manière que ce soit. C'est tout.
En revanche la pub doit être aussi futile et ludique que la vie quotidienne devrait être.
La pub est un moment de divertissement ou d'information, mais en aucun cas de soumission d'un public. Dès qu'on est en lutte avec le consommateur, on a perdu. Nous sommes en séduction. Bien sur qu'on fait tout pour apparaître sous notre meilleur jour. C'est naturel. Tout le monde fait ça quand il drague. Et tout le monde le sait.
Mais on arnaque pas les gens. Et il y a une raison bien simple à ça : on ne se tire pas une balle dans le pied. Si le public perd confiance dans la pub, on a plus qu'à plier bagage et aller grossir les rangs de l'ANPE (enfin de l'Apec pour moi...permettez !!).
Certes la pub actuelle est sans doute moins libérée qu'avant. Elle fait moins rêver. Il faut qu'on retrouve un mode de relation avec le consommateur pour lui apporter une valeur ajoutée. On vient perturber son paysage, ses loisirs, ses moments de détente par un discours qu'il n'a pas demandé à subir, on doit au moins être agréable (parce que le consommateur oublie très vite que, sans pub, il n'aurait que 2 chaînes TV maximum, des journaux à 10 euros, que des radios de musique classique et encore et aucun des sites sur lesquels il va surfer tranquillement le soir).
Je ne sais pas ce que la pub a fait à Dominique Quessada, mais je sais ce que Dominique Quessada n'a pas fait : écrire un article documenté, intelligent, soulevant les limites de la pub mais aussi ce qu'elle apporte.
Si même les journalistes de Marianne se mettent à crier au loup avec le reste de la meute, j'ai peur pour les moutons que nous sommes tous.
Bon c'est pas tout ça mais faut que j'aille m'acheter une Rolex, moi. Ben oui je suis publicitaire et j'ai réussi ma vie. Vous voyez pas le rapport ? Demandez à Séguéla.
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